Pour les amateurs comme pour les experts en photographie, il est coutûme de mettre quasi-systématiquement un filtre sur ses objectifs. Ce conseil, qui ne manque pas d’alimenter les blogs et les forums sur la toile, est justifié par plusieurs raisons :
- un filtre UV apporte du contraste dans les lointains et dans le ciel, en atténuant les rayons ultra-violets
- protéger son objectif des salissures, des rayures et des éventuels chocs sur la lentille, permet de ne pas l’abîmer et d’allonger sa durée de vie
Pourtant, un filtre n’a pas que des avantages, surtout s’il s’agit d’un filtre un peu trop bas-de-gamme ! Ainsi, un phénomène de flare pourtant courant et souvent bien maîtrisé, peut rapidement devenir handicapant lorsque les conditions de luminosité font intervenir des sources lumineuses intenses.


Ci-dessus est pris l’exemple d’une lampe, photographiée d’abord sans filtre puis avec filtre, avec des conditions de prise de vue identiques. Dans la deuxième photographie, on distingue nettement le halo en-dessous de l’ampoule. La présence d’un filtre peut donc avoir une incidence sur la qualité de vos clichés, voire même gâcher une partie de vos photos de vacances ou de musée ! A travers cette remarque, vous ressentez peut-être le vécu de l’auteur…
Je n’ai pas dans l’optique… de vous assommer avec des rayons incidents, des rayons réfléchis et des rayons réfractés dans tous les sens. Un tel schéma avec des lignes de calculs totalement indigestes, n’aurait aucun intérêt… Hé puis je n’ai pas les connaissances pour ça ! Mais la raison de ce phénomène peut s’expliquer simplement.

Le schéma ci-dessus montre sur la gauche une source lumineuse, dont la lumière traverse notre filtre incriminé, avant de traverser les lentilles de l’objectif à droite. Une partie de cette lumière est réfléchie à chaque fois qu’elle traverse un élément, et lorsqu’elle atteint le miroir et le capteur de votre appareil photo. Puisque cette lumière est réfléchie, elle part donc dans l’autre sens pour sortir de l’objectif. Et c’est à ce moment que le filtre peut poser problème : la lumière va de nouveau se réfléchir dessus pour re-partir dans l’objectif (les flêches représentées en rouge), et ainsi massacrer votre portrait de la lumineuse tante Simone. Chose intéressante à souligner, ce phénomène est d’autant plus visible que l’ouverture focale de l’objectif est importante ! Pour les photos un peu plus haut dans cet article, j’ai pris soin d’ouvrir au maximum, à f/1.8, sans quoi ce halo parasite aurait été moins visible.
Tout d’abord, pour limiter ces phénomènes de « flare », il faut malheureusement faire une croix sur les filtres UV pas chers ! Si les fabricants sortent de larges gammes de filtres, c’est évidemment pour proposer des produits de mauvaise qualité au premier prix (entre 8 € et 12 € par exemple, soit-disant pour protéger la lentille), et des produits de meilleure qualité bénéficiant de traitements anti-reflets toujours plus sophistiqués (et là, au vu de certains prix, on peut se tirer une balle). Il n’est pas non plus question de se ruiner, et il est plus judicieux de trouver un compromis. Dans une fourchette de prix commençant à partir de 20 € ou 25 €, des marques sérieuses comme Hoya proposent des filtres UV avec des traitements anti-reflets sur les deux faces, et c’est justement ce qui va permettre de réduire significativement le flare, là où les filtres bas-de-gamme ne sont traités que sur une seule face, la face extérieure.
Acquérir un filtre de meilleure qualité ne suffit pas forcément, aussi faut-il prendre un certain nombre de choses en considération :
- D’un point de vue optique, les filtres ont un intérêt surtout en extérieur, pour les photos de paysages (le ciel, l’eau, les lointains…). En intérieur, ils ont déjà moins d’intérêt…
- D’un point de vue mécanique, les filtres permettent, bien entendu, de protéger un peu la lentille de votre objectif (poussières, rayures, traces de bras des gens qui vous bousculent dans les musées –ça aussi, c’est du vécu :evil:–). Le capuchon de l’objectif aussi, permet de protéger la lentille ; donc de toute façon, si le reflex ne sert pas, le capuchon doit être mis, filtre ou non.
- L’utilisation d’un pare-soleil aussi, peut apporter une protection de la lentille en plus de neutraliser une source lumineuse telle que le soleil pour atténuer le phénomène de flare « classique » en extérieur (et qui se résume par un « voilage » de la photo).
- Dans le cas de photos avec une forte lumière ambiante (à l’extérieur en plein jour, en intérieur très lumineux…), il y a moins de risques de rencontrer ce problème particulier de flare. Toutefois, si cela arrive, il est possible d’atténuer ce flare en diminuant l’ouverture focale, tout en conservant une vitesse d’obturation acceptable (appareil au poing, car au trépied on craint moins les flous de bougé).
- Dans le cas de photos avec une faible lumière ambiante mais des sources lumineuses importantes (les feux d’artifices, le sapin de Noël des gosses…), cela peut encore se produire. Il faut donc quand-même garder un oeil sur l’écran pour observer le résultat. En cas de pépin, vous aurez prévu le coup en emmenant la boîte du filtre, pour le ranger purement et simplement. De toute façon, les limites de la vitesse d’obturation se feront vite sentir avec une ouverture focale moindre, donc vous n’aurez peut-être pas le choix…
Suite à une judicieuse remarque qui m’a été faite, voici une dernière illustration mettant en évidence le réel impact que peut avoir un filtre de mauvaise qualité, ainsi que l’impact minime d’un filtre de qualité supérieure.
Bon… C’est bien beau de donner des conseils, mais maintenant il va falloir que je les applique ! 🙄
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